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face du siphon à construire. Cet ingénieur aurait passé, avant de résoudre le problème, par une série de tâtonnements et d’erreurs, et le réservoir de Saint-Genis serait « une véritable machine à expériences », qui aurait permis au constructeur d’étudier les lois de l’écoulement dans les tuyaux, en vue des ouvrages de même nature et plus considérables encore que l’on devait exécuter.

A l’appui de cette opinion, l’auteur allègue plusieurs raisons. La première est que le réservoir de Saint-Genis serait établi avec moins de sûreté que les autres. « Ainsi le réservoir de Soucieu, exécuté postérieurement, n’a que 4m,67 de longueur dans œuvre, le réservoir de Saint-Genis-Terrenoire a une longueur de 6m,48 ; le réservoir de Soucieu est percé de neuf trous : le réservoir de Saint-Genis est percé de dix trous. Le réservoir de Soucieu est pénétré par l’aqueduc sans que la section de l’aqueduc éprouve aucune modification ; le réservoir de Saint-Genis est raccordé horizontalement avec l’aqueduc, au moyen d’un surhaussement de la voûte de l’aqueduc évidemment destiné à empêcher l’aqueduc de fonctionner comme siphon quand l’eau s’élèverait dans le réservoir de chasse en amont des tuyaux[1]. »

On peut répondre à ce raisonnement : que les dimensions des réservoirs ne signifient rien, et que toute espèce de motifs (configuration du terrain, direction du canal en amont, etc.) pouvaient engager à ne pas les construire sur un modèle uniforme ; que l’on ne voit, pas du reste, une amélioration dans celui de Soucieu par rapport à l’autre : dix orifices avec diamètre plus petit (0m,22) à Saint-Genis, ne sont pas un dispositif moins bon ni meilleur que neuf avec diamètre un peu plus grand (0m,25) à Soucieu. Et quant à la surélévation de la voûte au premier de ces réservoirs, je ne sais comment le fait a été observé[2], car cette voûte s’élève à la hauteur naturelle de l’aqueduc constatée partout ailleurs : et au surplus, il y avait un moyen bien plus simple d’empêcher l’aqueduc de fonctionner comme siphon, c’était de percer un orifice de trop-plein dans la paroi du réservoir ; or, cet orifice existait dans la paroi latérale ouest.

  1. Ouv. cité, p. 17. Cet énoncé n’est pas d’une limpidité parfaite.
  2. Depuis très longtemps (bien avant Gasparin), il ne reste de cette voûte que sa pénétration dans la paroi arrière du réservoir. Ce qui a pu faire croire à une surélévation, c’est que le radier de l’aqueduc était en effet un peu plus haut que le radier du réservoir et que le premier a été détruit par une brèche de la muraille. Ainsi la voûte paraît plus haute que sur les autres points du canal.