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Mais le plus probant indice du tâtonnement et de l’erreur première réside, d’après Gasparin, dans l’obturation faite après coup de deux orifices. J’ai déjà dit que cette double obturation se réduisait à une seule[1], et je ne veux pas insister sur cette erreur d’observation. Encore faut-il savoir pourquoi un trou a été bouché. « On pouvait, dit l’auteur[2], en débouchant tous les trous, examiner le mouvement de l’eau dans les tuyaux sous pression, et en en bouchant successivement un, deux, ou un plus grand nombre, examiner la charge qui s’établissait sur les orifices d’entrée et de sortie, et mettre le mouvement permanent de l’eau dans les siphons en harmonie aussi parfaite que possible avec le mouvement permanent de l’eau dans les aqueducs. » Alors, quand on aurait été bien fixé, on aurait failles obturations ou plutôt l’obturation définitive, et enlevé les tuyaux inutiles.

Cette explication en elle-même est acceptable. Elle l’est bien moins si l’on considère que les conditions d’écoulement changeant à chaque siphon avec la charge, avec la longueur du parcours des tuyaux, il n’y a pas de raison pour que les mêmes expériences n’eussent pas été faites aux autres siphons aussi bien qu’à celui-ci. D’autre part, ce siphon n’était pas le premier qu’on construisait dans l’empire et même dans la région : si donc il ne s’agissait que d’avoir une première idée du fonctionnement, il est certain qu’on l’avait déjà. Enfin, la difficulté du problème était bien moins dans le nombre des tuyaux que dans la détermination de la différence de niveau des réservoirs, et de l’épaisseur de ces tuyaux : or, tous ces éléments étaient par nécessité calculés d’avance.

La raison de l’obturation réside bien plutôt dans la création du canal de Chagnon, contournant les vallées de la Durèze et de ses affluents, et qui semble faire double emploi avec le siphon. Le siphon a été construit d’abord, le canal ensuite. En effet, à quoi ce siphon eût-il servi, le contour existant déjà ? Au contraire, on conçoit fort bien que pour augmenter le débit de l’aqueduc, on ait été amené à créer des prises d’eau nouvelles, sur la Durèze, sur ses affluents, et peut-être sur des sources trouvées dans cette région. Comme il fallait relier les différents points de prise, on a été

  1. V . ci-dessus, p. 100, note 2.
  2. P. 17.