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effet. Mais les déductions de M. de Gasparin manquent de rigueur et les détails du fait sont inexacts : l’observation les contredit.

Et d’abord pourquoi l’ingénieur ne s’est-il pas avisé plus tôt de l’avantage qu’il y avait à établir le siphon, puisque la nature semblait avoir disposé d’elle-même l’endroit de la prise d’eau, puisque ce siphon supprimait tant de détours gênants et offrait une si bonne occasion d’expérimenter le principe ? Pourquoi cet ingénieur a-t-il attendu, pour être effrayé de la longueur du circuit, que la tranchée fût creusée en entier ? Comment cet homme à l’esprit ainsi frappé a-t-il pu « ne rien trouver d’effrayant » à un siphon de 82 mètres de charge, en regard de celui de Soucieu qui ne devait en donner que 10 mètres de plus, et a-t-il pu considérer comme « un ouvrage de peu d’importance » un pont qui allait avoir 15 arches et 20 mètres de haut ?[1] Pour un travail d’essai, il faut avouer que cela n’était pas d’une élémentaire simplicité.

Fig. 82. — Siphon et contour de Chagnon.

Mais il y a des erreurs matérielles à relever dans le raisonnement de Gasparin : erreur sur la prétendue « rigole », qui est en réalité le canal achevé XABCY (Pl. II et fig. 82 ci-contre) ; erreur sur la pente de ce canal : j’ai déjà relevé ces inexactitudes[2] ; erreur sur la pente de la tranchée supérieure : « Ce développement, dit-il, faisait perdre 12 mètres de hauteur, tandis qu’un siphon ne faisait perdre que 6 mètres. » Or, j’ai constaté que sur les deux rives de la Durèze et le long de ses affluents, cette tranchée supérieure restait constamment parallèle au canal achevé XABCY. Donc, non seulement elle ne fait pas plus perdre qu’elle ne fait gagner, mais elle ne va pas se raccorder à Saint-Genis avec le tracé de

  1. Remarquons que pour le canal remontant la vallée, à l’effet de recueillir l’eau des rivières, il n’y a besoin d’aucun ouvrage considérable, les traversées ne se faisant dans ce cas que lorsque le canal arrivait presque au niveau du lit de ces cours d’eau.
  2. V. ci-dessus, p 107.