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l’aqueduc, qui « entre Lyon et Saint-Genis ne pouvait pas varier ». Si ce raccord existait, on la verrait se rapprocher progressivement du contour X A B C Y qui se relie aux niveaux des deux réservoirs. Elle ne représente donc, ni un tracé primitif hypothétique, ni un tracé quelconque rejoignant l’aqueduc.

Qu’est-ce donc dès lors que cette tranchée ? Il est plus facile de dire ce qu’elle n’est pas que de préciser ce qu’elle est. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle suit strictement, avec une différence de niveau constante de 7 à 8 mètres, le tracé de l’aqueduc, soit dans la partie qui précède le réservoir de chasse et dont la pente normale est de 0m,0008, soit le long du parcours X A B C Y dont la pente est d’environ 0,00025. Cela posé, il y a évidemment un rapport de dépendance qui la lie à ce tracé. Elle a pu être un fossé marquant la zone de protection réglementaire le long de l’aqueduc, conformément à l’inscription trouvée à Chagnon, qui fait mention d’un certain spatium agri réservé[1]. Cette tranchée a pu aussi jouer le rôle de sentier de service. Elle a pu être un essai de nivellement préparatoire. L’hypothèse de la garantie contre les eaux n’a guère de valeur, en effet, comme le pense Gasparin[2], si l’on parle d’une protection permanente ; mais elle n’est pas à rejeter s’il s’est agi de se garantir contre les venues d’eau pendant la construction. Cette rigole ne pouvait-elle pas servir aussi à détourner quelques ruisseaux pour amener l’eau nécessaire au chantier ? Sans s’illusionner sur la valeur de ces hypothèses diverses, on peut dire qu’elles ont sur celle de Gasparin l’avantage de ne pas servir de base à toute une théorie sur la construction de l’aqueduc et de n’être pas directement contredites par les faits.

Je reste donc convaincu que l’aqueduc du Gier a été une œuvre mûrement étudiée d’avance, avec son point de départ et son point d’arrivée fixés dès le début, et que le siphon de Saint-

  1. Si l’on demande pourquoi dans ce cas il n’y a pas un deuxième fossé symétrique au-dessous de l’aqueduc, on peut répondre qu’une zone inférieure de garantie était inutile, des plantations et des travaux de culture, dans un terrain si incliné, ne pouvant guère, au-dessous du canal, détériorer celui-ci, et au-dessus risquant au contraire de lui être si nuisible, qu’un fossé limite était presque nécessaire.
  2. Mais les arguments qu’il donne ne sont pas également bons. Il suppose que le canal supérieur a des passages souterrains comme l’aqueduc définitif ; or, on n’aperçoit jamais qu’une tranchée ; encore n’est-elle pas aussi continue qu’il le dit ; elle se réduit la plupart du temps à une simple entaille verticale du rocher.