Page:Germain de Montauzan - Les Aqueducs antiques, 1908.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 259 —

« Après ces explications sur les différentes variétés de sable, il faut examiner avec soin la préparation de la chaux par cuisson de la pierre blanche ou de la caillasse. Celle qui provient d’une pierre compacte et dure sera bonne pour la maçonnerie ; celle qu’on fait avec de la pierre poreuse s’emploie pour les enduits. »

Voici, d’autre part, le texte de Pline à ce même sujet[1] :

« Calcem e vario lapide Cato Censorius improbat. Ex albo melior. Quae ex duro, structurae utilior ; quae ex fistuloso, lectoriis. Ad utrumque damnatur ex silice. Utilior eadem ex effosso lapide, quam ex ripis fluminum collecto. Utilior e molari, quia est quaedam pinguior natura ejus. »

« Caton le Censeur n’approuve pas la chaux faite de pierres de différentes couleurs. La pierre blanche donne une chaux meilleure. La chaux faite de pierres dures vaut mieux pour les bâtisses ; celle de pierres poreuses, pour les enduits. Pour les deux emplois, on déprécie la chaux faite avec de la caillasse. La pierre extraite des carrières fournit de meilleure chaux que celle qu’on prend sur les rives des fleuves : la chaux extraite de la meulière est meilleure aussi, car de cette pierre il existe une certaine qualité assez grasse[2]. »

A son tour, Palladius écrit[3] :

« Calcem quoque ex albo saxo duro, vel Tiburtino, aut columbino fluviali coquemus, aut rubro, aut spongia, aut marmore postremo. Quae erit ex spisso et duro saxo, structuris convenit ; ex fistuloso vero aut molliori lapide tectoriis adhibetur utilius. »

« Pour faire de la chaux on cuira de la pierre dure et blanche, de la pierre de Tibur, de la pierre colombine de rivière, de la pierre rouge, de la pierre poreuse, ou du marbre de qualité inférieure. La chaux provenant d’une roche dure et compacte est propre aux bâtisses ; celle qui provient des pierres molles ou poreuses convient mieux aux enduits. »

  1. Hist. nat. xxxvi, 53.
  2. La traduction de Littré ne me paraît pas bonne pour ce dernier membre de phrase : « La chaux de la pierre meulière est la meilleure, parce que cette pierre est naturellement plus grasse que les autres. » Or, il y a des meulières qui sont exclusivement siliceuses, et qui par conséquent ne contenant pas de chaux, ne sauraient être grasses ; donc « quaedam natura » signifie, ce me semble, une certaine qualité, une certaine espèce, qui, contenant une certaine quantité de chaux, est assez grasse, un peu plus grasse que les autres. Utilior ne peut être traduit par un superlatif, car il est bien évident que la chaux de meulière ne vaut pas les chaux de calcaires purs.
  3. De Re rustica, i, 10.