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modo ceteris aedificiis praestat firmilalem, sed etiam moles, cam strauntur in mari, sub aqua solidescunt[1]. »

« Il existe aussi une espèce de poudre à laquelle la nature a donné des propriétés admirables. Elle se trouve dans la région de Baies et dans les terres des municipes qui entourent le mont Vésuve. Mêlée avec la chaux et le moellon, non seulement elle donne de la solidité aux édifices ordinaires, mais encore les môles qu’elle sert à construire dans la mer acquièrent, sous l’eau, une grande consistance. »

L’auteur donne ensuite les raisons de ce phénomène d’après ses vagues théories physiques. C’est insignifiant. Du moins nous avons affaire chez Vitruve à un homme du métier qui sait que la pouzzolane doit être mélangée à de la chaux pour être utilisable. Il indique même les proportions du mélange : deux parties de pouzzolane contre une de chaux[2]. Pline[3], au contraire, semble ne pas se douter de l’addition de chaux nécessaire. Mais l’un est un ingénieur ; l’autre n’est qu’un savant.

La pouzzolane s’employait donc partout où il y avait à exécuter des maçonneries destinées à rester sous l’eau. On l’expédiait dans les divers pays ; elle suppléait à l’usage inconnu de la chaux hydraulique ordinaire. On pouvait cependant la remplacer, dans la plupart des cas, par le ciment de tuileaux. C’est ainsi qu’aux aqueducs de Rome, la pouzzolane a été très employée, mais le ciment de tuileaux encore bien davantage. À ceux de Lyon, toutes les parties de maçonnerie en contact avec l’eau, dans le lit des ruisseaux ou dans les terrains humides, tous les revêtements intérieurs des cuvettes, tous les massifs demandant l’étanchéité en même temps que la solidité renferment le tuileau en plus ou moins grande proportion. On peut dire qu’il y avait encore bien plus de maçonneries romaines comportant le tuileau que de constructions actuelles à la chaux hydraulique, dont cependant

  1. Vitruve, ii, 6.
  2. « Uti in mortario duo ad unum respondeant. » (Vitruve, v, 12). C’est bien la proportion encore usitée maintenant pour les pouzzolanes d’Italie.
  3. « Quis satis miretur pessimam ejus partem, ideoque pulverem appellatum in pulcolanis collibus, opponi maris fluctibus ; mersumque protinus fleri lapidem unum inexpugnabilem undis et fortiorem quolidie, utique si Cumano misceatur caemento. » Le caementum Cumeanum, n’est pas du « ciment de Cumes », comme le porte la traduction de Littré ; ce sont sans doute de petits moellons qui, avec le mélange préalable dont Pline ne parle pas, donnaient un béton.