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étaient bien des ruinés romaines. Il n’y aurait rien là d’impossible, mais ce n’est pas certain.

Rien de certain non plus sur la provenance des briques de l’aqueduc : elles ne portent, toutes celles du moins que j’ai pu voir entières, aucune marque imprimée. L’habitude des fabricants était, pourtant, dans les provinces comme à Rome, d’inscrire leur nom sur les tuiles et briques, comme sur tous les autres ouvrages de poterie et de céramique. On a trouvé à Lyon ou aux environs ces marques de poinçons sur nombre d’échantillons que mentionne de Boissieu dans son ouvrage[1], mais aucun ne paraît provenir des aqueducs. Il n’est pas sans intérêt toutefois de remarquer que parmi ces cretarii ou negotiatores artis cretariae, qui avaient chacun leur estampille spéciale, il y en avait qui devaient exercer cette industrie ou ce commerce en grand, puisque certaines de ces briques trouvées à Lyon venaient de loin. C’est ainsi que se rencontre, plusieurs fois répété, le nom d’un certain Clarianus, dont l’atelier, d’après l’interprétation de Boissieu, devait être situé au voisinage d’Antibes[2]. On trouve ce nom « dans nos

  1. Inscriptions antiques de Lyon, p. 434, suiv.
  2. Les marques de ce potier figurent sous les numéros 35, 36 et 37 de la liste. Je les ai reproduites ci-dessous, fig. 108.
    Fig. 108. — Marques de potier.

    35. Clariana
    36. Clarianumada
    37. Clarianus

    Par confrontation avec une autre brique de Clarianus, exhumée à Vienne, et portant au-dessous du nom les lettres

    A DECI ALP

    M. de Boissieu propose d’interpréter les trois dernières lettres A D A de Clarianumada par Ad Deciates Alpinos. Or, Antibes était dans la région des Déciates, et Pline classe ce peuple parmi les populi Alpini (Hist. nat., iii, 7). — Quant à l’M dans Clarianumada, ce serait la première lettre de Magnarins, surnom de Clarianus.

    Quoi qu’il en soit, ce potier n’écoulait pas ses produits simplement sur place, puisqu’on trouve ses briques dans toute la région entre le Rhône et les Alpes.