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conduite avec tel diamètre qu’on voulait. Un tube de forte dimension adapté tout de suite au calice avait forcément pour résultat d’augmenter le débit ; cette augmentation au contraire devenait insignifiante, quand le grossissement de section se produisait à cette distance d’une quinzaine de mètres. Ainsi l’État se protégeait contre une manœuvre abusive, et protégeait en même temps les petits usagers qui ne pouvaient faire comme les riches une forte dépense de tuyaux.

En somme, pour résumer tout ce qui vient d’être dit, la valeur nominale d’une concession dans les distributions d’eau romaines ne correspondait pas à un volume d’eau par jour absolument fixe. Le débit général variant dans le cours de l’année, tous les débits partiels variaient en conséquence. D’autre part, les volumes d’eau pour deux concessions de même valeur nominale variaient dans une certaine mesure tenant à la situation de l’usager par rapport au château d’eau. L’habileté de l’ingénieur qui établissait le réseau consistait donc à relier les châteaux, soit entre eux, soit avec les divers établissements publics et les divers domiciles, de manière à compenser toutes ces inégalités[1]. Ainsi devait se faire l’équilibre entre les quinaires fournis par l’aqueduc et les quinaires distribués.

Tel était le principe appliqué à Rome ; tel fut probablement celui qu’on suivit à Lyon. Nous ne savons pas d’ailleurs si les modules y étaient les mêmes qu’à Rome, si l’on comptait, d’après le système du quinaire, ou d’après tout autre système local. Aucune mention n’existe sur les tuyaux retrouvés, soit à Rome, soit ailleurs, qui permette de déterminer à quel ordre de mesures légales se rapporte leur capacité[2]. Il est bien intéressant toutefois de remarquer que, le plus petit module usuel à Rome étant le quinaire, le moindre concessionnaire recevait en moyenne ses

  1. Frontin laisse bien entendre (De Aquis, 36) que suivant la position du calice, horizontale ou un peu inclinée dans un sens ou dans l’autre, on pouvait faire varier le débit, et que suivant la charge dont disposait le concessionnaire, on pouvait lui relever son débit, ou le diminuer (Ibid., 35).
  2. M . Lanciani (ouvr. cité, p. 357) s’est demandé si les chiffres imprimés sur certains tuyaux indiquaient le nombre de quinaires, ou une abréviation des dénominations numérales (sénaire, septénaire, etc.) que portaient les divers modules. Mais il a trouvé aussi que le diamètre, la section, le périmètre ne donnaient, d’après quelque unité usuelle qu’on prit la mesure, aucune coïncidence avec ces chiffres. On en est donc réduit sur ce point à la plus complète incertitude. Peut-être s’agissait-il d’un numérotage de quartiers, d’insulae, de maisons. La question, après tout, n’a pas une bien grande importance.