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sédition. Cicéron[1] osa prononcer leur suppression, Clodius les fit rétablir[2]. Dissoutes une seconde fois par Jules César, elles surent, au moyen d’exceptions habilement obtenues, se maintenir en partie[3], puis se reformer peu à peu comme auparavant; si bien qu’Auguste dut rééditer la même mesure, se bornant, à conserver celles dont rétablissement était reconnu de longue date comme légitime[4]. Claude dut encore revenir à la charge. Au fond, le pouvoir n’était hostile qu’à celles qui, sous couleur d’associations professionnelles, n’étaient que des sociétés secrètes et des foyers d’opposition. Les collèges sérieux, sincèrement appliqués à conserver et à perfectionner, leur industrie, durent toujours subsister par tolérance, malgré les mesures décrétées. Finalement, les empereurs, pour pouvoir en même temps profiter de leurs services et enrayer leurs empiétements, prirent le parti de les placer sous leur autorité immédiate, en se proclamant eux-mêmes, en tant que chefs de la religion, les souverains pontifes de tous les collèges, fondés en effet sous un patronage religieux[5].

Mais les difficultés ne furent complètement aplanies que par Hadrien[6] qui, par un trait de maître, d’institutions libres qu’ils étaient, les transforma en corps officiels de l’Etat. Tous ceux qui pouvaient rendre des services directs dans les travaux publics furent divisés en cohortes organisées sur le modèle de celles de l’armée. « Ad specimen legionum militarium fabros, perpendiculatores (géomètres et arpenteurs), architectos, genusque cunctum exstruendorum moenium seu decorandorum, in cohortes centuriaverat[7]. » Désormais ces corporations furent à la disposition des magistrats pour les travaux en régie, qui devinrent ainsi bien plus fréquents qu’auparavant. Ce ne fut pas un service gratuit mais il fallut accepter chaque fois la rétribution qu’il plaisait à l’Etat d’accorder, et de plus, se transporter aux lieux où il

  1. Pro domo, 28.
  2. Cicéron, In Pisonem, 4.
  3. Suétone, César, 42.
  4. Suétone, Octave, 32.
  5. L’initiative fut prise par Néron. (Cf. Orelli, Inscript. latinœ, no 764).
  6. Trajan s’en méfiait encore et ne se montra pas partisan sans réserves de l’extension des collèges dans les provinces. Il conseilla à Pline le Jeune, gouverneur de Bithynie, de ne pas les laisser se reformer à Nicomédie, où ils avaient naguère causé des troubles. (Correspondance de Pline le Jeune, liv. x, 43.)
  7. Aurelius Victor, Epitome (Aelius Hadrianus).