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achevé les premiers grands aqueducs de Rome, Appia et Anio vetus, qui avaient été entrepris sous eux, les censeurs Appius Claudius, d’une part, Curius Dentatus, de l’autre, firent en sorte que le Sénat prolongeât la durée de leurs magistratures[1]. Quant à la Marcia, elle fut, par exception, comme on sait, conduite dans la ville par l’initiative d’un préteur[2], Marcius Rex, qui dut aussi, en vue du même but, solliciter une prolongation de pouvoirs tout à fait anormale.

Il y eut une période de transition, au dernier siècle de la République, où. parmi les autres services de travaux publics, l’administration des eaux, tout en demeurant en principe du domaine des censeurs, fut transmise parfois aux édiles, plus rarement et pour une part, aux questeurs[3].

Dans les provinces, c’étaient les magistrats des villes, les duumvirs, qui sous le contrôle des décurions, affermaient les travaux publics. Un des documents les plus importants qui nous restent, sur ces adjudications, et par conséquent sur celles des censeurs qui servaient évidemment de modèles, est la «  lex puteolana parieti faciundo »[4], contrat rédigé par les magistrats de Puleoli (Pouzzoles), et qui dicte minutieusement à l’entrepreneur toutes les conditions d’établissement d’une simple muraille. Cela prouve une fois de plus combien, dans la forte organisation romaine, l’action de l’autorité s’exerçait puissamment sur tout ce qui était d’intérêt public.

Sous l’empire, la censure, après avoir été dépouillée, dès le début du règne d’Auguste, de la plupart de ses attributions[5],

  1. De Aquis, 5, 6. Curius n’en profita guère : il mourut cinq jours après la prorogation de ses pouvoirs.
  2. Il est probable qu’il en fut chargé par suite de ce que ses fonctions l’avaient appelé à connaître fréquemment les questions d’eaux, les contestations sur leur usage devant être très nombreuses à une époque où il n’y avait pas encore là-dessus de jurisprudence établie. Peut-être le préteur avait-il eu aussi à statuer sur des dommages subis par les deux aqueducs existant alors et à en ordonner la réparation : il était ainsi devenu compétent.
  3. De Aquis, 95, 96. Les questeurs n’étaient chargés que de la réception des ouvrages (operum probandorum cura), et seulement à défaut des censeurs ou des édiles.
  4. Ce document fut publié au xvie siècle par Georges Fabricius (1549). Plusieurs fois réimprimé depuis lors, on le trouve dans le recueil d’Egger : Latini sermonis reliquiae, p. 248. Il est daté de l’an de Rome 648 (105 av. J.-C.). Un bon commentaire de ce texte se trouve dans l’ouvrage intitulé : « Dell’ordine dorico, di San Luigi da don Pietro Marquez, con appendice sopra un’antica tavola di Pozzuolo (Rome 1803. in-8o, p. 147 et suiv.)
  5. Suétone, Octave, 37.