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dépenses et d’assumer en grand la charge qui revenait autrefois pour chaque travail à un entrepreneur spécial.

La curatelle des eaux. — La curatelle des eaux garda toujours au contraire, un pouvoir effectif entier. Cela tient peut-être à son origine. Agrippa, étant édile, avait amené à Rome l’eau Julia (719/34). Frappé sans doute de la compétence exceptionnelle dont ce magistral avait fait preuve dans la haute surveillance de ce travail, Auguste lui décerna la fonction de curateur des eaux, à perpétuité. Agrippa lit de ce service sa chose personnelle et garda à sa disposition, uniquement pour l’entretien et la surveillance des aqueducs, une famille de 240 esclaves, sa propriété personnelle, qu’il légua plus tard à Auguste par testament[1]. Celui-ci fit don à l’État de cette famille qui devint familia publica. En même temps, il donnait un successeur à Agrippa comme curateur des eaux : ce fut Messala Corvinus. La charge était définitivement, constituée, avec des statuts officiels. Choisis parmi les principes civitatis, c’est-à-dire parmi les personnages de rang sénatorial, et consulaires, les curateurs furent en général nommés à vie, tout en ayant la faculté de se démettre, si une autre situation leur convenait mieux[2].

La familia publica fut naturellement attachée à la curatelle. Plus tard, l’empereur Claude forma, spécialement pour ce même, service, une nouvelle famille d’esclaves encore plus nombreuse, comprenant 440 hommes : on l’appela familia Caesaris. Il fallait pourvoir en effet à l’activité considérable qu’exigeait la construction des deux nouveaux aqueducs Claudia et Anio novus[3]. Le

  1. La curatelle d’Agrippa n’était pas encore une charge absolument officielle. Frontin dit qu’il fut « velut perpetuus curator ». (De Aquis, 98.) En réalité, ce fut lui qui l’organisa, avec tous ses rouages prêts pour son successeur. Les aqueducs qu’il construisit furent vraiment son œuvre, peut-être technique, à coup sûr financière en grande partie. Frontin (ibid.) n’emploie pas sans raison les termes « operum suorum et munerum ».
  2. C’est à la suite de sa curatelle que Didius Gallus (an 49) fut envoyé comme gouverneur impérial en Mysie, Fonteius Agrippa (an 68) comme proconsul en Asie (Tac. Ann. xiv, 18). Frontin (de 97 à 106) fut le 17e curateur des eaux après Agrippa. Vers la fin du iie siècle, il y eut fusion de la curatelle des eaux avec celle des blés. On appela les titulaires « curatores aquarum et Miniciae », du nom de l’endroit où se donnaient les tessères fromentaires. Plus tard encore, à l’époque de Dioclétien et de Constantin, le nom de consularis fut substitué à celui de curator. En même temps, l’ordre de la hiérarchie des magistratures se modifiait, et d’une façon qui reste encore fort obscure.
  3. Frontin, 116.