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travail en fut donc exécuté directement par le corps officiel des eaux, la statio aquarum, qui comprenait — comme nous le verrons en étudiant le fonctionnement normal du service, hors des périodes de grandes constructions, — une foule d’employés de tout genre et de tout ordre, depuis l’architecte jusqu’au simple famulus. Mais il est bien évident que ce n’est pas ce personnel normal, même grossi de la nouvelle familia, qui pouvait suffire au grand travail entrepris. On fit donc certainement appel au concours des corps de métiers, à la collaboration d’ingénieurs autres que les architectes ordinaires du service, même à l’intervention d’entrepreneurs pour certains ouvrages ou pour certaines fractions du parcours. Indépendamment du témoignage de Frontin en ce qui concerne le concours des talents étrangers[1], on comprend qu’il eût été peu rationnel de garder en permanence un contingent qui, en temps ordinaire, n’aurait pas eu d’emploi.

Les membres des familiae (familia publica ou familia Caesaris)[2], étaient en principe de condition servile. Mais ceux qui s’acquittaient d’une fonction un peu plus relevée que d’autres arrivaient facilement à être affranchis. « On retenait à l’esclavage, dit Wallon[3], le degré le plus bas ; on avait affranchi le degré supérieur : les vicarii restaient esclaves, les esclaves ordinaires étaient généralement libérés. On retrouve ce mélange des deux conditions dans tous les travaux d’utilité publique : dans l’administration des eaux, dans les plomberies de l’Etat, dans les fabriques de monnaie, etc. L’élément libre y domine. »

La garnison de Rome et les travaux publics. — On ne peut savoir en aucune façon, par le texte de Frontin, si l’armée fut employée à la construction des aqueducs de Rome. À son époque, la garnison de la capitale était composée de trois des neuf cohortes prétoriennes, des trois cohortes urbaines, des sept cohortes des

  1. « Curator debet… nec suae tantum stationis architectis uti, sed pluriutn advocare non minus fidem quam subtilitatem, ut nestimet quae repraesentanda, quae differenda sint et rursus quae per redemptores effici debeant, quae per domesticos artifices. » (De Aquis, 119.)
  2. M. Lanciani (ouvr. cité, p. 137) pense que la familia caesarea resta spécialement attachée au service des aqueducs construits sous l’empire, tandis que la familia publica fut chargée de l’entretien et de la surveillance des plus anciens. Cette distinction, qui n’a pas grande importance, ne semble pas être très fondée.
  3. Histoire de l’esclavage, liv. III, chap. iv, p. 136.