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vigiles (chaque cohorte comprenant un millier d’hommes), et de quelques corps étrangers dont la composition varia suivant les époques. Sur ce nombre, les cohortes des vigiles, spécialement consacrées à la garde nocturne, à la protection contre les incendies, étaient réparties dans les quatorze régions de Rome, de manière à ce que chacune d’elles fît toujours le service dans deux régions[1]. On ne pouvait guère les en distraire. Mais quant aux cohortes prétoriennes et aux cohortes urbaines, bien que les premières eussent un service de garde et de parade qui devait exiger du soldat la présence instantanée sous les armes au premier appel, bien que les secondes fussent réservées à la police de la ville, il est hors de doute qu’on leur faisait exécuter certains travaux. Parmi les ingénieurs militaires signalés sur les inscriptions, plusieurs appartenaient à ces corps spéciaux, plus particulièrement aux cohortes prétoriennes[2]. Or, celles-ci étant installées la plupart du temps dans leurs camps permanents, n’ayant pas à effectuer, comme les légions, de très longues campagnes, à subir de laborieux hivernages, à fortifier les frontières, avaient assurément moins qu’elles besoin d’ingénieurs pour les travaux habituels des armées : abris, tranchées, sapes, ponts, etc. En doit-on conclure que ces architectes des cohortes fussent mis parfois à la disposition des curatores pour les travaux publics ? Je croirais plutôt que le service particulier de l’empereur suffisait à les occuper. Dans chacun de ses déplacements, celui-ci emmenait un dé lâchement de prétoriens : il leur fallait préparer l’installation, souvent compliquée et fastueuse, du souverain et de sa suite, organiser ses fêtes et ses parades : les architectes de la cohorte et les hommes de métier y étaient fort nécessaires. Même à Rome, pour certains travaux rapides du palais, c’étaient eux bien souvent qui devaient être appelés. Enfin, la garde prétorienne suivait le prince dans ses campagnes, où elle avait non seulement à combattre, mais à travailler sous ses yeux[3]. La participation

  1. Paul, Digeste, i, 15, 3
  2. Corp. inscript. lat. x, 1757 ; xi, 20, 630. — Dans la première, un certain Cissonius Apulis, vétéran de la seconde cohorte prétorienne, est intitulé architectus Augustorum, ce qui semble indiquer le service exclusif de l’empereur
  3. Suétone, Néron, 19. C’est aux prétoriens que Néron commanda d’entreprendre le travail du percement de l’isthme d’Achaïe, qu’à l’instar de Caligula il avait pris un beau jour l’idée d’effectuer.