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ment aussi l’intention, leur avaient manqué à l’un comme à l’autre pour remplir l’office de patrons tutélaires ; que les premiers progrès de la ville furent dus à l’énergie de ses citoyens, et que quelques années plus tard seulement, la politique à larges vues du nouveau maître des Romains et de son actif ministre sut profiter en grand de la situation exceptionnelle de cette cité prédestinée. Agrippa y fait travailler ses troupes, Auguste s’y installe à plusieurs reprises, et c’est alors que rapidement Lyon grandit en espace, en richesse, en hommes, en puissance. Le premier travail d’adduction d’eau qui y est exécuté — en raison de la topographie du pays, ce ne peut être que l’aqueduc du Mont-d’Or[1] — trop compliqué et trop coûteux pour une ville naissante livrée à elle-même, devenait une entreprise d’ordre normal grâce à un nombreux effectif militaire et à la subvention impériale. Le long règne d’Auguste était pour Lyon, devenu le centre de réunion des peuples de la Gaule, une période ininterrompue d’essor grandissant, expliquant la création d’un nouvel aqueduc — celui de Craponne, toujours d’après des considérations topographiques[2]. L’histoire de Lyon pendant le premier siècle est tellement liée à celle des empereurs, on voit si bien la ville favorisée par les uns, indifférente ou suspecte à d’autres, qu’il est difficile de ne pas faire coïncider les variations de sa fortune et de son activité avec ces oscillations de faveur, et de ne pas attribuer aux règnes qui rehaussèrent le plus la cité les aqueducs successivement construits. Claude est indiqué naturellement à l’exclusion des deux princes précédents, pour l’entreprise de l’aqueduc de La Brévenne. Des considérations d’architecture d’abord[3], des traits d’histoire biographique ensuite[4], un témoignage épigraphique enfin, celui de la pierre de Chagnon[5], toutes raisons qui intervenant isolément ne seraient peut-être pas suffisantes, prennent par leur association une force singulière pour faire attribuer à l’empereur Hadrien la construction du dernier des quatre aqueducs, celui du Gier. Il n’y a pas à dissimuler

  1. I, § ii, p.15 et suiv., §n, p. 21
  2. I, § ii, Ibid.
  3. II, § ii ,p. 240.
  4. I, § iv, p. 34.
  5. VI, § iii, p.393.