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était légitime de supposer une grande analogie entre l’organisation à Lugdunum et celle qui fonctionnait à Rome. L’indécision ne subsiste guère que sur un point : de quelle autorité dépendait directement ce service ? Les inscriptions, les documents divers ne nous donnent rien là-dessus de péremptoire. Mon opinion personnelle, fondée sur des raisons que je crois persuasives, mais qui n’ont pas un caractère de certitude, est que, de même que le pouvoir impérial s’était chargé de la construction de ces aqueducs et en avait fait les frais, au moins pour la plus grande part, de même la gestion en était confiée à des fonctionnaires relevant du légat de la province plutôt que des magistrats municipaux[1].

D’une semblable étude ne doit-il pas résulter une impression d’ensemble qui en fasse ressortir l’unité ? Un peu mieux renseignés sur l’adduction des eaux à Lyon, il me semble que nous y avons gagné surtout de voir le génie romain en action, achevant, ou plutôt mettant en valeur par la force pacifique l’œuvre guerrière du conquérant. Nul exemple ne devrait paraître plus instructif et plus noble que celui de cette ville naissant après la guerre, pure de sang versé au milieu de ce territoire où se sont livrées les grandes batailles. Etablie au confluent de deux grands fleuves, fécondes artères où circulera la richesse, elle devient vite le cœur du pays. De là partent jusqu’aux plus lointaines frontières de la Gaule de grandes routes droites qui étendent le rayonnement de la paix, et à l’extrémité desquelles veillent les armées. Cependant, il faut activer dans cette cité la vie et la force. Les architectes, les ouvriers y accourent : l’eau jaillit des montagnes voisines et vient l’abreuver de flots limpides. Les peuples de la Gaule se rassemblent au pied de ses murs ; et si, domptés et dociles, ils ont oublié leur fière liberté de jadis, ils apprennent du moins à l’école de la grande nation la puissance du travail robuste et persévérant.

Travail adroit aussi et intelligent : nous avons pu l’apprécier en l’étudiant de près. Ce peuple romain aux lois rigides, au formalisme

  1. VI, § i. p. 372 Ibid., § ii, p. 381.