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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/292

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Cazan et d’Astracan, et les troupes qu’il détacha vers le mont Caucase, pénétrèrent dans le cœur de la Géorgie et de la Circassie. La discorde civile des grands-ducs ou princes de Russie livra leur pays aux Tartares. Ils se répandirent depuis la Livonie jusqu’à la mer Noire. Kiow et Moscou, les deux capitales ancienne et moderne, furent réduites en cendres ; calamité passagère et moins fatale peut-être aux Russes, que la tache profonde et peut-être indélébile qu’une servitude de deux cents ans a imprimée sur leur caractère. Les Tartares ravagèrent avec une égale fureur les pays qu’ils se proposaient de conserver et ceux dont ils s’empressaient de sortir. De la Russie, où ils s’étaient établis, ils firent une irruption passagère, mais destructive, dans la Pologne et jusqu’aux frontières de l’Allemagne. Les villes de Lublin et de Cracovie disparurent. Ils approchèrent des côtes de la mer Baltique, défirent dans la bataille de Lignitz les ducs de Silésie, les palatins polonais et le grand-maître de l’ordre Teutonique, et remplirent neuf sacs des oreilles droites de tous ceux qu’ils avaient tués. De Lignitz, qui fut du côté de l’Occident le terme de leur marche, ils se dirigèrent sur la Hongrie ; et cette armée de cinq cent mille hommes, excitée par la présence de Batou, sembla animée de son esprit. Leurs colonnes, partagées en différentes divisions, franchirent les montagnes Carpathiennes, et l’on doutait encore de leur approche lorsqu’ils firent éprouver leurs premières fureurs. Le roi Bela IV assembla les forces militaires de ses comtes