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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/483

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Platon : les fugitifs qui adhéraient à l’union avaient le double mérite d’abandonner leur patrie non-seulement pour la cause du christianisme, mais plus particulièrement pour celle du catholicisme. Un patriote qui sacrifie son parti et sa conscience aux séductions de la faveur, peut cependant n’être pas privé des vertus sociales d’un particulier. Loin de son pays, il est moins exposé aux noms humilians d’esclave et d’apostat, et la considération qu’il acquiert parmi ses nouveaux associés, peut le rétablir insensiblement dans sa propre estime. [Le cardinal Bessarion, etc.]Bessarion obtint la pourpre ecclésiastique pour prix de sa docilité ; il fixa sa résidence en Italie, et le cardinal grec, patriarche titulaire de Constantinople, fut considéré à Rome comme le chef[1] et le protecteur de sa nation. Il exerça ses talens dans les légations de Bologne, de Venise, de France et d’Allemagne ; et dans un conclave il fut presque désigné un moment pour la chaire de saint Pierre[2]. Ses honneurs ecclésiastiques illustrèrent son mérite et ses travaux littéraires. Il fit de son palais une école, et dans ses visites au Vatican le car-

  1. Voyez dans Hody l’article de Bessarion (p. 136-177), Théodore Gaza, George de Trébisonde, et les autres Grecs que j’ai nommés ou omis, sont cités dans les différens chapitres de ce savant auteur. Voyez aussi Tiraboschi dans les première et seconde parties de son sixième tome.
  2. Les cardinaux frappèrent à sa porte, mais son conclaviste refusa d’interrompre l’étude de Bessarion. « Nicolas, lui dit-il, lorsqu’il en fut instruit, ton respect me coûte la tiare et à toi le chapeau. »