Page:Gilbert - Mon apologie, 1778.djvu/17

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À l’obscène licence, au blasphême orgueilleux,
Soutiennent leur crédit sur des succès honteux ;
Dont le nom parvenu sollicite à les lire,
Et donne à leur morale un dangereux empire,
Voilà les écrivains que le goût & les mœurs
Ordonnent d’étouffer sous les sifflets vengeurs.

Psaphon.

Eh ! Que pourroient vos cris contre leur vaste gloire !
Soixante ans de succès défendent leur mémoire.
On se rit, croyez moi, d’un jeune audacieux
Qui du Pinde Français pense avilir les Dieux.

Gilbert.

On juge, croyez-moi, les vers & non point l’âge.
Si je suis jeune enfin, j’en ai plus de courage :
Qu’ils tremblent ces faux Dieux dans leur temple insolent ;
Je l’ai juré, je veux vieillir en les sifflant.
D’ennuyer nos neveux vainement ils se flattent :
Si soixante ans de gloire en leur faveur combattent ;
Je suis, contre leur gloire, armé de leurs écrits ;
Je ne m’aveugle point ; d’un sot orgueil épris,
Mon crédule Apollon sur son foible génie,
N’a point fondé l’espoir de leur ignominie ;
Mais sur l’autorité de ces morts immortels,
Des peuples différens flambeaux universels ;
Grands hommes éprouvés, dont les vivants ouvrages
Sont autant de censeurs des livres de nos sages ;