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96 LE MOUVEMENT tlTTÉRAÎÎlË

remords, il hésite à la porte du Paradis, cherchant celle du Purgatoire, saint Pierre le console et lui dit, en lui ouvrant le ciel :

— Mon frère, la double sainteté de l'homme, c'est l'Effort et la Pitié. Tu as pratiqué l'un et l'autre. Entre, tu es chez toi. ► ,

Et voilà, en conclusion, un peu de miséricorde et de réconfort après tant de pessimisme et d'ironie répan- .dus dans ce conte philosophique. Mais que vais-je parler de conte philosophique? Ces deux mots font penser à je ne sais quelle froide et doctrinaire histoire dont les personnages sont des entités, tandis que le roman de M. Haraucourt est le plus amusant, le plus palpitant du monde. On en lit les chapitres, écrits en une langue délicieuse, avec le plaisir le plus frivole, l'agrément le plus vif, et ceux qui, avant tout, cher- chent dans la lecture un divertissement, peuvent y aller sans crainte : en dégustant ce roman, ils auront fait de la philosophie comme M. Jourdain faisait de la prose : sans le savoir ; et ils auront eu le régal d'un bien joli roman.

GILBERT DE VOISINS

L'Enfant qui prit peur.

Les romans qui mettent en scène des enfants, qui étudient avec clairvoyance et sincérité leur cœur pué- ril et profond, leur petite âme, vaste comme le vaste monde, exercent sur moi une séduction toute particu- lière; les romanciers capables d'écrire de tels livres sont d'ailleurs peu nombreux : il leur faut tout à la fois une très rare pénétration psychologique et une pro- fonde tendresse, et ce sentiment ne voisine pas souvent avec cette faculté. M. Gilbert de Voisins les possède