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AVRIL. — LES ROMANS 97

tous deux au plus haut degré. L'Enfant qui prit peur est une œuvre déchirante et belle qui m'a laissé une impression profonde, obsédante, douloureuse. Et je voudrais ne plus penser à « l'enfant qui prit peur », à ce petit Jacquot, aux yeux trop ouverts, à l'intelli- gence trop éveillée, qui devina tant de vilaines choses, en fut terrifié, et s'enfuit dans la mort.

C'est pénible, c'est excessif, et c'est vrai, profondé- ment, le drame de cette vie d'enfant qui pleure la nuit, éperdument, à cause des disputes de ses parents; qui éprouve je ne sais quelle honte, quelle douleur incons- ciente et irraisonnée lorsque le hasard lui fait con- naître les amours coupables de sa mère, à lui, qui ignore tout de l'amour et de la faute, et qui, pourtant, obscurément, comprend et souffre; tant d'autres spec- tacles entrevus, soupçonnés, devinés, désespèrent ce petit enfant qui est pourtant un enfant comme les autres, qui sait très bien jouer dans les jardins à des jeux puérils et violents, qui connaît l'ivresse des courses à la poursuite d'un papillon, qui ne demande- rait, enfin, qu'à vivre comme un enfant. Mais on n'a pas su épargner à ses yeux le spectacle de la vie; il a trop tôt connu la douleur humaine ; il a pris peur et il a couru au-devant de la mort, parce que la vie l'épou- vantait.

EMILE EDWARDS

Nadjié, la petite Hanoum.

Nadjié, la petite Hanoum, est une bien gracieuse dame turque dont l'aventure nous démontre une fois de plus que l'émancipation ne fait pas le bonheur. Elle est bien simple, cette aventure : Nadjié, fille d'Ottier Pacha, le vainqueur des Grecs, s'est éprise du beau