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AVRIL. — LES ROMANS 103

quement du monde, nous nous faisons voiturer en leur compagnie dans ce fiacre de gare entre les brancards duquel un quart de siècle de résignation prenait place, nous les suivons dans ce voyage au Havre, certain jour où les prévisions de l'indicateur n'avaient point été trop optimistes... et c'est amusant à un point que je ne saurais dire; émouvant aussi : il y a dans l'aven- ture de Firmin Remongel et de Rose une bien jolie pointe d'attendrissement.

Un livre délicieux, où René Blum a bien raison de saluer les mêmes qualités qui sont la parure des romans précédents de Tristan Bernard : une vérité d'évocation peu commune, une aptitude exceptionnelle à placer les personnages dans un décor vivant, de sorte que tous leurs faits, même les plus anormaux, se justifient.

PAUL ACKER

Les Deux Cahiers.

« Ces deux cahiers », nous les voyons apparaître dès le début du livre. L'un, c'est celui où M^^ Desaulmin, aujourd'hui quinquagénaire, écrivait jadis ses impres- sions, son journal de jeune fille : c'est un cahier rayé en rouge, à couverture guerrière, et qui coûtait dix centimes; quand il était terminé on le remplaçait par un autre du même prix avec sur la première page, un autre militaire du premier Empire. L'autre, c'est le carnet de sa fille Suzanne, qui vient de se marier, un ravissant carnet en cuir jaune, de fabrication anglaise assurément, avec ses feuilles légères alphabétisées, datées, amovibles et son stylographe d'or. Le con- tenu est aussi différent que le contenant : sur le pre- mier de ces cahiers, on parle de la maison si jolie avec sa vigne vierge, ses grands arbres et la rivière qui l'en-