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138 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

Encore, il a pendant quelques années l'illusion, Tap- parence du bien-être, mais le fils de sa femme atteint sa majorité et le ménage se trouve réduit à la portion congrue. Ces deux époux qui se méprisent assez juste- ment mènent alors côte à côte, hostiles, une vie de pri- vations et de misères.

Enfin, la femme de Lili meurt, son fils secourable alloue au veuf une maigre pension insuffisante et que le vicomte essaye d'arrondir en vendant son titre à cer- tain fils naturel, lequel traite ce titre comme il con- vient et s'en va le mener sur les bancs de la Cour d'as- sises. Ainsi, Lili qui n'avait vraiment pas besoin de cela, est déshonoré par procuration, et il s'en va ter- miner sa vie misérable dans un coin de Rouen où, pen- dant de longues années, il se livrera, sous l'œil des voi- sines, aux soins de son ménage.

Histoire lamentable, comme vous voyez, mais M. René Le Cœur a su nous la raconter avec tant de bonne grâce et d'esprit qu'elle nous paraît tout à fait divertissante et agréable, je ne dis pas émouvante, car l'auteur n'a jamais eu le dessein de nous émouvoir sur le sort de son triste héros.

BINET-VALMER

Le Plaisir.

M. Binet-Valmer évoque le Plaisir en des pages ardentes, tumultueuses et vraies. Dans ce livre, né d'hier et déjà célèbre, j'ai retrouvé toutes les qualités curieuses et fortes de l'auteur des Métèques et du Gamin tendre, et aussi ce défaut, imputable à moi sans doute beaucoup plus qu'à l'auteur, d'être tout à fait rebelle à l'analyse.

Je me sens, en effet, incapable de vous raconter sans