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MAI. LES ROMANS 139

la trahir, l'histoire de la comtesse Catherine de Vinzel, mariée au séduisant Pierre de Vinzel, qu'elle chassa certain jour après avoir surpris sa trahison et par qui elle se laisse reprendre malgré elle, malgré son orgueil blessé, asservie, transportée par « le plaisir ». Ce plaisir qui domine, qui enflamme l'œuvre tout entière, M. Binet-Valmer l'a exalté avec beaucoup de ferveur et de véhémence, mafs vous n'y trouverez pas d'allé- gresse, et même vous aurez, je pense, l'angoisse d'une fatalité qui pèse sur ces héros. C'est le plaisir souverain, tyrannique, irrésistible, ce n'est pas la joie.

Tous les personnages de ce drame M. Binet-Valmer les a regardés de terriblement près : il a pu nous rapporter la vision de formes voluptueuses et belles, mais il a dû remuer et explorer des fonds singulière- ment moins beaux; de là un curieux mélange de lyrisme effréné et d'attristante et violente réalité.

EMILE GUILLAUMIN

Le Syndicat de Baugignoux.

Le Syndicat de Baiigignoux est un livre bien curieux, document émouvant et sincère pour servir à l'histoire du syndicalisme paysan à l'aurore du xx^ siècle. Cette histoire a si peu l'air d'être imaginée, que M. Emile Guil- laumin croit devoir nous mettre en garde, dans sa dédicace à M. Daniel Halévy, contre la tentation d'y voir un roman à clef et de le reconnaître lui-même, l'auteur, dans son héros.

Le syndicat de Baugignoux « peut être une œuvre didactique, dit-il, un roman à clef, non ! » Et certes, c'est une œuvre didactique : il n'y aurait presque pas un mot à y changer pour en faire le procès-verbal