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MAI. LES ROMANS 141

vraie, si vraie, si impartiale, que les syndicalistes les plus résolus et leurs adversaires les plus ardents peuvent la lire avec le même intérêt, la même sym- pathie, en en tirant d'ailleurs, est-il besoin de vous le dire, des conclusions diamétralement opposées.

HENRI DUVERNOIS

Le Veau gras.

Ce roman dialogué est bien amusant, plein d'entrain, de grâce, d'agrément, d'une verve irrésistible et qui cache sous l'amusement des mots, sous la gaieté des situations, un grain, une foule de petits grains d'ob- servation et de philosophie. J'ai dit maintes fois la sympathie très vive que m'inspirait le joli talent de cet écrivain dont j'ai, le premier, signalé le premier ouvrage, et qui, depuis lors, n'a pas cessé de me démontrer et de démontrer au public, combien j'avais raison naguère en lui prédisant le bel avenir qui s'est épanoui aujourd'hui en un présent si enviable.

Et c'est ainsi que chacun des succès de M. Duver- nois m'apporte une nouvelle satisfaction d'amour- propre, sans préjudice du plaisir très vif que me cause la lecture de ses livres. Son nouveau roman me cause, une fois de plus, cette satisfaction et ce plaisir : c'est un livre charmant dont la fortune n'est pas douteuse. Son héros, le Veau gras, surnommé la « Tortillade » et qui s'appelle René Lafourgeix, est un robuste garçon qui aime passionnément les plaisirs de la table; il y a gagné un embonpoint majestueux qui le classe nécessaire- ment parmi les amoureux ou les maris trompés. Les liommes se divisent, en effet, en hommes à angles droits, qui sont les hommes aimés; les... trompés (Molière et M, Duvernois les appellent autrement) sont