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148 LE MOUVEMENT LITTERAIRE

de toutes ces vilaines petites choses que M. André Pavie nous offre en un roman sans imprévu, mais non sans agrément, ni intérêt.

HUGUES LAPAI RE

Jean-Teigneux.

Jean-Teigneux est une œuvre robuste, saine, vigou- reuse, d'une grande et sincère émotion. On y retrouve ce curieux mélange d'observation très réaliste et d'ima- gination éprise d'idéal que j'ai noté dans les œuvres précédentes de cet écrivain. C'est un conte bleu vécu par des hommes très vivants, des paysans et des bûcherons dont l'humble vie est observée dans tous ses détails, et se déroule dans des décors évoqués avec une vérité quasi photographique.

Jean-Teigneux est un jeune berger, fils de Michel Mu- ret, de Muret le Rouge, le révolutionnaire. Après une enfance malheureuse et chétive, privé de la tendresse d'une mère, livré aux violences d'un père alcoolique, il a trouvé un refuge chez maître Moreau, un brave homme de fermier. Là aussi, il a eu des malheurs; notamment il a attrapé la teigne : la maladie a été enrayée à force de soins, mais le surnom dérisoire et douloureux lui est resté; et puis, il a été en butte aux méchancetés d'une aïeule revêche et aussi du valet de ferme, Ursin, cruel, sournois et lâche; mais il s'est vaillamment défendu, il a sauvé, par surcroit, une jeune fille, une enfant de l'Assistance, élevée dans la ferme et qu'il aura le bonheur indicible et inespéré d'épouser au dénouement.

Et ce roman, avec ces allures simplettes que lui prête mon analyse, est une œuvre d'une forte saveur, haute en couleur, d'une humaine et profonde émo- tion.