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MAI. — LES ROMANS 149

ELSA JÉRUSALEM Le Scarabée sacré.

(Traduction de MM. Bieisstock et Claude Marcel.)

Ce scarabée est très relativement sacré et il est tout à fait symbolique; c'est, nous dit-on, le scarabée des fumiers qui se réjouit d'être éclatant et doré; c'est un joli hanneton vert et or, plein de grâce, seulement il ne faut pas le prendre dans la main, car il secrète un liquide dont l'odeur est immonde. Ce scarabée dit : «Je suis là, bonnes gens, parce que vous avez fait un tas de fumier, sans lequel mon genre de beauté n'exis- terait pas... » Symbole un peu obscur, comme il con- vient, mais dont vous devinez le sens et qui, vous voyez, n'a pas peur des mots.

En dehors du titre et de cette explication sybilline, il y a d'ailleurs fort peu de symbole dans le roman d'Eisa Jérusalf^m, mais, en revanche, que de réalités ! Ces réalités, elles se déroulent dans des maisons réprouvées par la morale, et il m'est bien difficile d'analyser ce livre, non pas qu'il soit de tendance immorale, bien au contraire : Eisa Jérusalem veut nous édifier, nous faire connaître une des plus pénibles et des plus douloureuses tares de la civilisation con- temporaine et, pour parvenir à son but, elle nous mène dans l'antre même du mal : elle nous en fait visiter les coins et recoins; nous raconte, sans nous épargner un détail, toutes les menues histoires des personnes qui passent là depuis Catherine la Noire, jetée dans la voie mauvaise par le lâche abandon d'un Prince, jusqu'à Milada, sa fille, élevée, si j'ose dire, dans le sérail.

Et ce sont des excursions et des enquêtes dont on ne saurait méconnaître l'utilité sociale, mais dont l'ana-