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150 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

lyse est assez malaisée, jusqu'à la résurrection de Milada qui sort de la maison pour partir en guerre contre le mal : roman d'une vie intense, âpre et brutale, d'une probité supérieure dans ses intentions.

CLAUDE SILVE

La Cité des Lampes.

Œuvre étrange, inégale, jamais indifférente, où l'au- teur a raconté le séjour de son héroïne dans une cité secrète, d'où peu s'en retournent, après y avoir demeuré, « dans la cité d'ardente paix où brûlent de continuelles lampes adoratrices, où se consacrent à jamais les vivantes Hosties ».

Ce n'est pas un roman, « il n'y est question ni d'amours, ni de morts, ni d'autres malheurs, ni de plaisirs »; c'est le récit sincère — ce qui ne veut pas nécessairement dire vrai, car les images évoquées auraient pu sembler différentes à d'autres yeux : les yeux versent aux choses regardées beaucoup d'eux- mêmes — de l'ascension d'une femme vers la paix sereine du cloître. Elle y tend, elle y aspire de toutes les forces d'un mysticisme ardent, effréné, et puis, elle s'a- perçoit qu'elle ne peut pas; elle est trop l'amie du vent voyageur, de l'espace et du soleil, et la porte du cloître se rouvre devant elle : elle s'enfuit en regrettant éper- dument le repos entrevu.

Ecrit dans une langue intéressante et d'une étran- geté qui étonne parfois et séduit souvent, ce livre est d'une remarquable qualité, d'une analyse pénétrante, subtile et violente, et il emprunte à ce mélange de mysticisme et de frénésie, une saveur et une couleur tout à fait particulières.