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MAI. — LES ROMANS 151

ANDRÉ DE LORDE

Cauchemars.

M. André de Lorde, qui est, dans la vie courante et mondaine, un homme fort aimable, devient, lorsqu'il prend la plume, un affreux tortionnaire; il éprouve à nous faire frémir, à nous glacer d'épouvante, à peupler nos nuits de songes terribles, je ne sais quelle joie cruelle. Que de maladies de cœur il doit avoir sur la conscience depuis qu'il écrit ! Et, chose admirable, ses lecteurs — telles les femmes qui aiment à être battues — demandent sans cesse de nouveaux tourments, des angoisses nouvelles; ils n'ont pas cessé de frémir qu'ils réclament encore un frisson, et M. André de Lorde continue.

Et voilà pourquoi, après tant de choses terribles, il nous offre une série de Cauchemars de derrière les fagots. Ah ! ces cauchemars ! La couverture du livre vous en donne une idée assez exacte : sur un lit, un homme est étendu, et devant cet homme une femme est là, vêtue d'oripeaux multicolores, coiffée de noir, gantée de blanc, avec, comme visage, une affreuse tête •de mort, dont les yeux sans orbites contemplent le dormeur horréfîé.

Et voilà comment vous serez lorsque vous aurez lu les vingt-quatre histoires réunies dans ce livre, vingt- quatre histoires où tout ce que la médecine, la chirur- gie, l'automobile, la morphine, le surin des apaches et les erreurs des magistrats peuvent comporter d'hor- reur et d'épouvante a été mis en œuvre avec un art consommé. Et l'on ne saurait vraiment raconter mieux, avec plus de science de l'effet, des choses plus terrifiantes.