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I

MAI. — HISTOIRE, LITTÉRATURE, DIVERS 171

Ce n'est peut-être pas exact, mais ce serait bien excu- able. En tout cas, c'est une préoccupation qui est épargnée aux Immortels des beaux-arts; les Artistes et amis des arts connaissent leur panégyriste : ils savent, depuis le commencement du siècle, que c'est Henry Roujon qui solennellement les célébrera sous la coupole; et ce n'est, certes, pas là leur moins précieuse prérogative. C'est quelque chose vraiment de savoir qu'un jour, le plus tard possible, on est assuré d'être évoqué en des pages gracieuses, éloquentes, profondes, par un écrivain délicieux, maître incontesté en l'art du portrait littéraire.

Ce sont, en effet, des œuvres achevées, ces portraits composés avec piété pour une lecture à l'Académie, ou tracés hâtivement sur le bord d'un tombeau. Je viens de les relire dans le volume où mon éminent et cher ami les a réunis, et je suis sous le charme. Amis des arts : le comte Henri Delaborde, marquis de Chennevières, M; de Vandières; peintres : Bougue- reau, Ernest Hébert, Gérôme; sculpteurs: Paul Dubois, Eugène Guillaume; musiciens : Verdi et Reyer; litté- rateurs : notre cher Gustave Larroumet et Ludovic Halévy, ils revivent là en des pages exquises d'émo- tion tendre, de compréhension raffinée; ils revivent pour toujours, parés pour la postérité,^ de leur génie, de leurs vertus et de leurs qualités, par un maître écrivain.

Et c'est émouvant et joli; et ces pages si délicates, écrites en un si beau langage, qui font grand honneur à tous ces morts illustres, constituent en même temps le plus bel éloge d'un immortel très vivant qui ne pen- sait guère à lui-même en les écrivant, et qui s'appelle Henry Roujon.