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188 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

familiarité et une émotion qui ne manquent point de lyrisme, la grande maîtresse du jeu, « la coquette que nul n'a vue et qui mène à son gré la ronde humaine, Técervelée qui cause le bien et le mal tout ensemble, et qui s'appelle Dame Fortune ». Elle a mis sur le chemin « d'un gros garçon trop bêtement riche et trop plein d'ennui, une petite bonne femme trop bêtement pauvre, que la mistoufle n'avait pas dépossédée de la fraîcheur d'âme d'une bergère heureuse ! » Et vous voyez que Dame Fortune ne s'occupe pas uniquement à de vaines et louches besognes, qu'elle est parfois une bonne et brave fille et que, dans le tumulte de l'or, dans la boue et dans le sang, elle trouve moyen de frayer parfois son petit bonhomme de chemin à une action louable et à une aventure jolie.

EMILE MOSELLY

Fils de Gueux.

M. Emile Moselly, dont le Prix Concourt a naguère consacré le beau talent et dont vous connaissez les œuvres robustes, généreuses et saines, est un écrivain lorrain qui doit tout, qui reporte tout à sa chère Lor- raine; c'est à elle, c'est à la rivière charmante où se mirent ses paysages de grâce et de mélancolie qu'il a emprunté son nom; c'est elle qui toujours palpite dans ses livres, c'est à Maurice Barrés, « au maître de notre chœur lorrain » qu'il offre en hommage d'admiration et de reconnaissance son livre : Fils de Gueux.

Vous vous souvenez de Joson Meunier, ce beau livre où l'âme du pays et du paysan lorrains était étudiée avec tant de tendresse et de mélancolie; c'est encore elle qui nous apparaît dans l'histoire de Basile Crasmagne, le pauvre petit paysan, fils de Charles-Emile Crasma:-