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194 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

vieux, et puis, doucement, sa femme s'est éteinte, et doucement aussi, Jacques est mort au printemps sui- vant.

C'est simplet, comme vous voyez; je vous assure que c'est très émouvant, et parfois très beau. Devant la tombe de Jacques on parla de lui, on assura qu'il avait été heureux et que c'était bien juste, car il avait « tou- jours eu de la bonne foi, de l'honnêteté envers les gens; il avait rempli les devoirs de sa condition, gagné son pain, nourri sa famille et vécu sans inquiétude » : telle fut son oraison funèbre, et puis l'on parla du temps et des semailles. La vie d'un homme simple n'est rien de moins qu'une épopée magni fique et humble, puisqu'elle reflète le ciel et la terre; épopée qui doit survivre à sa mémoire, à ce monde même où elle passa.

JULES PERRIN

Un Masque sur deux Visages.

Ce livre débute comme un roman de mœurs avec une observation attentive, scrupuleuse, amusante des milieux; il évolue en un feuilleton qui pourrait devenir un roman policier avec toute la poétique du genre : assassinat mystérieux, prodigieuse ressemblance de deux hommes, il se termine enfin dans l'angoisse d'une analyse d'âme et de sentiment. Tous les genres y sont, comme vous voyez, hors le genre ennuyeux, car ce roman est, d'un bout à l'autre, palpitant, et Tintérêt de « l'histoire » tient le lecteur haletant.

Cette histoire, la voici : l'oncle de Bernard Borel est mort laissant une grosse fortune : la nue propriété à ses héritiers naturels, Bernard Borel et sa sœur, l'usu- fruit à sa veuve, la blonde M^^ Archambauld; à la con- dition toutefois que cette dernière garde ses voiles de