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JUILLET. — LES ROMANS 223

des expressions fâcheusement anachroniques, tandis que Marcel Dhanys ne commet pas d'erreurs. Ses lettres sont impeccablement — elles sont même presque tou- jours littéralement — de Voltaire ou de M '^«(j^ Defîand, ses récits sont tels que durent les entendre ou les dire ces illustres personnages. Et ainsi, en écoutant la belle histoire de Marie Corneille sauvée par Voltaire, à Taide d'ailleurs d'un éreintement de son illustre parent, nous prenons une très gracieuse leçon de littérature et d'his- toire, qui est agréable pour nous et qui sera fort utile pour nos neveux, quand nos réformateurs de l'Univer- sité auront réussi à en bannir complètement les huma- nités.

PIERRE VALDAGNE

Les Leçons de Lisbeth Lottin.

L'auteur nous conte, dans ce joli roman, l'histoire d'une jeune fille du dernier bateau : Marie-Thérèse Mon- tagrier, une petite personne abominablement mal élevée, fardée, habituée aux fréquentations les plus équivoques, dont l'indépendance inquiétante n'a rien de commun avec cette liberté d'allures saine et franche que nous prêtons aux jeunes filles d'Angleterre ou d'Amérique.

L'indépendance de Marie-Thérèse la conduit non pas au tennis ou au golf, mais dans les cabinets parti- culiers, dans les garçonnières, dans les coulisses de théâtre; et l'on est tenté de conseiller à cette jeune per- sonne de prendre des leçons de pudeur, de tenue et de chasteté auprès de la demi-vierge de Marcel Prévost qui, elle, du moins, savait garder un certain décorum.

On a tort. Tout ce vice est artificiel: il ne tient pas plus que le fard dont la jeune fille avive ses lèvres et ses jouos, et il suffit de l'intervention d'une comédienne célèbre, Lisbeth Lottin, dont Marie-Thérèse a voulu