Page:Glaser - Le Mouvement littéraire 1912.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

224 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

faire son amie, pour que cette indépendante, cette affranchie, se transforme, au dénouement, en une jolie mariée tout de blanc vêtue et parée de la plus légitime des fleurs d'oranger.

Vous voyez combien tout cela est paradoxal et sca- breux ! Mais Pierre Valdagne nous le raconte avec tant d'esprit, une grâce si persuasive, que nous l'admettons le mieux du monde. Cet écrivain charmant connaît mer- veilleusement Paris, et les Parisiennes, donc ! Il nous raconte les thés, les couturiers, les restaurants de nuit, l'avenue du Bois et les boulevards — tout l'univers ! — avec une vérité que je dirais photographique s'il n'y mettait tant d'art et tant d'esprit.

Ce livre pourrait être mélancolique, mais Pierre Val- dagne est bon prince : il ne veut pas nous attrister, et ces dessous parisiens dévoilés ne nous laissent en fin de compte qu'un joli souvenir de mousse et de mousse- line et de blancheur.

RAGHILDE

Son Printemps.

Ce roman, est un livre bien curieux où l'observation la plus humaine, la plus vraie, la plus poignante, se raffine parfois jusqu'au tarabiscotage le plus artificiel; l'expression suit le mouvement : elle est souvent d'une sincérité, d'une vérité admirables, et parfois d'un manié- risme irritant; mais d'ensemble, ce livre, avec tant de pages très belles et quelques autres qui le sont moins, est d'une rare qualité : c'est une œuvre exquise et pre- nante et douloureuse.

Son Printemps ! Pauvre Printemps, celui de la petite Miane, élevée par sa terrible grand'mère, M^^^ Leforest- Janiou, étroite, revêche, autoritaire; sous cette férule,