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228 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

M. Maxime Forment, qui ne nous a pas habitués à ces débauches mélodramatiques, l'a traitée avec beaucoup d'art, de tendresse et d'émotion.

RAYMONDE LORDEREAU

Vaincue.

Cette œuvre de début témoigne chez son auteur d'un très réel talent et permet les plus belles espérances. Le livre est bien écrit, je dirais presque trop bien; enten- dez par là que M"^^ Lordereau semble contempler avec amour ses phrases soigneusement serties et donner une importance considérable aux mots qu'elle a patiemment assemblés. C'est là un excès qui peut devenir périlleux, mais on s'en corrige; à tout prendre, il vaut singulière- ment mieux que l'excès contraii*e, si fréquent, celui de la négligence.

L'anecdote du roman est assez malaisée à con- ter; les personnages épisodiques, les tableaux évo- qués aident à la comprendre, à fixer sa signification psychologique, et l'on risque de la trahir par une sèche analyse. La voici cependant : Jacques Aubri, le grand musicien, inquiet, tourmenté, toujours à la veille de produire un chef-d'œuvre et qui, toujours mécontent de soi, anéantit sans cesse l'œuvre commencée, a épousé, il y a sept ans, Denise, une orpheline que sa brave femme de tante, M"^^ Cellier, avait recueillie et dotée.

Le ménage a été heureux; un enfant est né, le petit Marcel; mais Denise s'est trouvée peu à peu déçue, humiliée par cette incertitude de son mari dont si long- temps elle a vainement attendu le chef-d'œuvre. Elle l'a comparé, avec mépris, aux artistes de talent qui fréquentent chez elle, à Romain Carrière, le célèbre sculpteur, à François Desgrèges, à tant d'autres, et un