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256 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

Tâme paysanne, épris passionnémont de la terre et (l( la nature; Olivier, un vaillant officier de Tarmcc d'Afri- que; Jacques, expatrié, lui aussi, aux fins fonds de l'Asie et qu'on appelle dans la famille le Consul ou le Chinois; Sophie, la fille aînée, un peu mûre, qui sur- veille, ordonne, range, et qu'on a baptisée la Surinten- dante; Isabelle, un être de douceur et d'abnégation, mariée à Cyrille, qu'un terrible accident fit aveugle; et la pauvre petite Simone, femme du Russe Polotzeff, brutal, débauché, sauvage, qui' la rend abominable- ment malheureuse.

Dans cette famille, solidement groupée autour du père et de la mère, tendrement aimés, respectés pro- fondément, que de ferments de discorde cependant : ce sont les folies de Florent, trop souvent esclave de ses instincts, les dissensions de Jean-Marc et de sa seconde femme, Armande, qui déteste les enfants du premier lit; les tristesses de Simone, si mal mariée à un dément et qui aime Henri Le Jas, le probe et loyal médecin. Et c'est encore Antoine, le rustaud, qui s'est mis en tête d'épouser sa sœur de lait, la petite Miche, mariage insensé que n'admettra jamais la famille; Olivier, le soldat, si épris d'une infirme qu'il ne peut épouser, et jusqu'à Sophie, la vieille fille, toute prête à se laisser prendre aux assiduités intéressées d'un vilain homme de régisseur.

Chacun de ces personnages a, vous le voyez, son roman particulier; ses goûts, ses passions, ses aventures l'entraînent vers un chemin différent, loin de la famille. Mais les Fabrecé ne sont point d'avis qu'on doit « vivre sa vie »; ils pensent, avant tout, à leurs devoirs envers la famille, et le jour où l'on célèbre les quarante années de mariage du père et de la mère, ils sont là tous réunis : « une pensée commune fait trêve aux préoccupations particulières, chacun oublie presque ses soucis ou ses griefs. En honorant Pierre Fabrecé et Maman Reine, les rejetons vigoureux de la souche maîtresse prennent