Page:Glaser - Le Mouvement littéraire 1912.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

AOUT-SEPTEMBRE. LES ROMANS 263

lement du monde, en perçant de ses flèches ses ennemis eux-mêmes, et il sort victorieux de cette aventure où il n'y a que la morale qui soit un peu sérieusement endommagée.

GYP

Fraîcheur.

Vous trouverez dans ce livre toutes les jolies qualités de grâce preste, d'esprit, d'observation aiguë, qui ont fait la renommée de ce charmant écrivain, et vous y trouverez autre chose aussi : une émotion profonde, une véritable puissance dramatique. C'est une tragédie, en effet, qui se déroule autour de « Fraîcheur », l'héroïne du roman; une tragédie vraiment qui, pour éviter les grands mots et les grandes scènes, n'en est pas moins pathétique et douloureuse.

« Fraîcheur » est le surnom qui fut donné jadis à Mme d'Etoges, alors qu'elle était encore jeune fille; on le lui a laissé après son mariage et il sied à merveille à son éblouissante beauté. Mais ce n'est pas seulement sa personne physique qu'on a prétendu qualifier par ce joli mot, c'est aussi sa personne morale : son âme si pure, si honnête, si probe. C'est bien l'impression que Florise d'Etoges fait à la plupart de ceux qui l'entou- rent : à son mari si éperdument amoureux, à Montes- pan, qui aurait tant voulu l'épouser jadis, à sa mère, et même à la bonne M"^^ d'Etoges moins perspicace que ne sont pour l'ordinaire les belles-mères. Impression fallacieuse : Florise est, en réalité, une terrible créature de luxe, éprise des jouissances et des joies factices que donne la fortune et qui, ténébreusement, froidement, poursuit son but d'argent et d'amour en sacrifiant, d'un geste nonchalant de sa jolie main, deux existences humaines.