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AOUT-SEPTEMBRE. — LES ROMANS 27l

le ton du livre, c'est Thistoire de Rosette qui aime son fiancé Pierre avec toute Tardeur de sa jeunesse, toute la confiante fraîcheur de son innocence. Son amour pudi- que et tendre ne pouvait s'accommoder du mariage tra- ditionnel, avec toutes ses cérémonies, ses défilés, son voyage de convention ; elle a voulu se marier très sim- plement, dans l'intimité et courir bien vite vers le nid où doit s'abriter son bonheur.

Mais, hélas ! Pierre ne partage pas ses sentiments ; il a fait, lui, le mariage de triste raison, et dans le silence de la chambre conjugale, la vérité peu à peu apparaît à la pauvre Rosette. Pierre n'a pas la force ni le courage de la détromper, et c'est « la première nuit », si lourde de tristesse et de sombres lendemains.

11 y a dans ces nouvelles, parmi lesquelles j'ai goûté particulièrement l'Écolier, si tragique, et la Tâche d'encre, de bien jolies qualités d'émotion tendre, d'ob- servation un peu pessimiste, de sincérité, de simplicité.

GUY DU FRESNAY

La Passion de Fred.

La Passion de Fred ! Fred, le héros du roman publié sous ce titre par M. Guy du Fresnay, va mourir; le revolver est là, près de lui, il en pressera la détente lors- qu'il aura terminé sa confession. Il se déclare d'ailleurs insensible, détaché de ce qui fut, et il lui semble qu'il écrit l'histoire d'un autre. « Alors, pourquoi ces lignes? se demande-t-il, aime-t-on donc à ce point sa souffrance que lorsqu'elle dort on se presse de la réveiller; que lors- qu'il suffit d'un geste pour en être à jamais débarrassé, on le recule, ce geste, pour se replonger dans un passé horrible et douloureux? » Et, comme vous voyez, Fred réfiéchit et raffine sur sa souffrance : jl la cultive en ].(iit inrnnnf iqup.