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298 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

inconsciente, emprisonnant dans la vie « l'homme libre », rivé pour toujours aux chaînes du passé...

,J.-H. ROSNY, aîné

Les Rafales « roman de mœurs bourgeoises ».

Avec les Rafales, M. J.-H. Rosny aîné commence, nous dit-il, « une série de récits étroitement apparentés les uns aux autres : chacun des Lérande ( c'est le nom de son héros) en particulier fera Tobjet d'un roman complet ». Cette déclaration liminaire m'a séduit par son audace et sa vaillance : il est beau, en notre temps d'efforts limités, d'entreprises rapides, de savoir, d'af- firmer, au seuil d'un roman qu'il est le premier d'une longue série raisonnée, logique, construite déjà dans la pensée. C'est une promesse audacieuse, M. J.-H. Rosny aîné n'y faillira point : il est de taille. J'ai dit maintes fois mon admiration pour la fécondité de cet écrivain et pour la magnifique souplesse de son talent qui se meut avec la même aisance dans le roman de mœurs et d'amour, dans le roman social et dans la nouvelle, dans la préhistoire et dans l'anticipation, et qui lui permet de nous donner, à quelques mois de distance, deux œuvres aussi différentes que cette vaste épopée de « la Mort de la terre » et ce roman bourgeois des « Rafa- les ».

Les « Rafales » qui dévastent le foyer d'Antoine Lé- rande sont assez médiocres : ce sont les déboires d'un homme dénué de sens pratique et qui, dans le gouffre sans fond d'entreprises chimériques, a englouti sa for- tune, la dot de sa femme, toutes les ressources décou- vertes autour de lui : il se trouve enfin, par ce qu'il appelle la malchance, acculé à la faillite puis, à cette