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OCTOBRE. — LES ROMANS 299

déchéance suprême, à son sens : la nécessité de devenir un employé.

Déboires médiocres, mais plus pathétiques que les plus grands drames : ces mille misères de la maison d'où, peu à peu, sont partis les meubles, les bijoux, les tableaux, puis les reconnaissances; où l'homme revient le soir, accablé et fiévreux; où la femme tremble et plie sous la rafale qui passe ; où les enfants connaissent trop tôt les angoisses, les inquiétudes, la terreur du créan- cier qui crie, de la domestique qu'un long crédit a ren- due souveraine; toutes ces petites choses pitoyables, observées avec minutie, composent ensemble un tableau déchirant et qui, dans son intimité, dans son étroitesse, apparaît vaste comme la misère du vaste monde. Et c'est très poignant, très humain, très beau. Ces petites défaites du vaincu qui s'acharne honnêtement, obsti- nément, à sa ruine, c'est toute l'infortune des hommes; ces humbles démarches de la mère qui veut défendre et sauver ses petits, c'est tout le magnifique héroïsme des femmes; ces enfants qui comprennent déjà, qui, jusque dans leurs jeux, évoquent des misères, c'est toute l'enfance si douloureuse, si émouvante, trop tôt avertie du malheur.

E.-F. BENSON Rose d'automne.

(Traduction de M. Bernard-Derosne.)

Le roman de l'écrivain anglais E.-F. Benson, est un livre aux belles lignes harmonieuses et simples, de belle santé, de bonne humeur, d'émotion profonde et sincère, un beau roman en vérité et qui retrouvera en France le succès considérable qui l'accueillit outre-Manche.

Rose d'automne, c'est la femme de quarante ans — celle à qui Balzac galamment donnait trente ans — si