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OCTOBRE. — LES ROMANS 301

délicieuses ; les mœurs anglaises y sont observées le plus spirituellement du monde, les caractères y sont magistralement campés, et c'est un très beau roman qui se donne le luxe de présenter un agrément infini.

RAYMOND CLAUZEL

L'Extase.

Ce n'est point faire injure, je crois, aux lecteurs de romans d'afïîrmer qu'ils ne sont pas nombreux en notre temps à se passionner pour les problèmes de haute morale et de doctrine religieuse; et il y a vraiment quelque témérité pour un écrivain de faire du quié- tisme et de l'Extase le sujet d'un roman.

M. Raymond Glauzel a eu cette témérité et, chose admirable, il a réussi à faire de l'Extase le plus vivant, le plus humain, le plus moderne des romans, un roman capable de passionner cette foule qui est indifférente — ou qui se croit indifférente — à l'histoire du quié- tisme enterrée avec M^^ Guyon, avec Fénelon et avec Bossuet.

Ce roman aura-t-il la fortune qu'il mérite? Je le sou- haite. En tous cas, je suis très sûr que c'est un beau livre, émouvant, profond et généreux. L'auteur a voulu écrire un « roman spirituel, évoquer la vie de l'âme dans quelques-unes de ses manifestations particulières » et, quoi qu'en pense le scepticisme de nos bons matéria- listes, l'âme est un sujet qui en vaut un autre; il y a dans son histoire des faits réels au même titre qu'un déraillement de train ou une éruption de volcan. « Les mystiques, les illuminés, les ascètes, les solitaires irra- diés existent aussi véritablement que les ivrognes, les avares, les peseurs de denrées, et les remueurs de matiè- res. Nous digérons, mais nous rêvons aussi, et quelque-