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OCTOBRE. — LES ROMANS 305

excessive modestie : le livre est palpitant, d'un art étrange, fruste et prenant; il évoque, avec des procédés littéraires tout à fait modernes et de chez nous, des mœurs très lointaines et très archaïques, et c'est tout à fait ingénu, subtil et profond.

PIERRE LHANDE

Luis.

Ce roman se divise en deux parties : la première, « A l'école des domestiques », s'orne de cette épigraphe empruntée à Paul Bourget : « On demeure étonné de Teffrayante facilité avec laquelle, et depuis toujours, les gens des plus beaux noms abandonnent leurs enfants à des influences douteuses; la seconde, « L'ineffaçable empreinte », est commentée par la parole de Musset : « ... Lorsque la première eau qu'on y verse est impure... »

Ces deux titres, ces deux épigraphes résument toute l'histoire de Luis, fils du comte T..., ambassadeur de France à Madrid, que ses parents confièrent impru- demment aux soins des domestiques; ses jeux de plein air se déroulent avec les pires vauriens dans les fau- bourgs populeux de Cuarenta Fanegas, et, quand il rentre au palais paternel de la Calle Mayor, c'est pour y rejoindre bien vite l'office... De telles fréquentations produisent l'effet qu'on en peut attendre : l'âme fière que Luis doit à ses origines se pervertit lamentable- ment.

Certain jour, il découvre les amours coupables de sa mère; il en éprouve un vif chargin, une grande indigna- tion, et s'en va tout conter à son père qui comprend, un peu tard, la nécessité de le soustraire à son détestable milieu. Il l'envoie chez les Johannites, où il rencontre un éducateur admirable, le Père O'Leary, qui fera tout