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316 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

bourreaux qui les envoyaient au supplice et dont Técœurante lâcheté se manifesta au lendemain même de la tourmente.

Comment ces bourreaux, sans courage personnel, abrités derrière une parodie de légalité, purent-ils ter- roriser la foule muette et glacée d'épouvante et suppri- mer parmi leurs victimes toute tentative de résistance? Le baron de Ratz nous l'explique à Taide d'un exemple émouvant qu'il a trouvé dans sa famille : celui de son grand-père, le conseiller au Parlement de Toulouse, Jean-François de Montégut. Ainsi, par une singulière fortune, le même historien a trouvé dans des documents de famille ces deux exemples si contradictoires : celui du baron Jean de Batz, qui n'eut pas peur et qui montra impunément une si incroyable audace devant les périls incessants de la Terreur; et celui, bien plus répandu, d'une de ces victimes qui témoignèrent, en face d'une pareille tyrannie, de tant de soumission, d'abattement, de résignation, et parfois, chose étrange, de complaisance.

C'est l'histoire émouvante et terrible des Parlemen- taires toulousains qui allèrent, par petites étapes, s'offrir au couperet de la guillotine, que le baron de Batz nous raconte et ces documents historiques nous font comprendre comment ces hommes si braves, si géné- reux, si résolus se laissèrent exécuter par la volonté sanguinaire de ces hommes de tribune et de clubs qui eussent, individuellement, tremblé devant eux. Il y a là un cas de psychologie et de psychiatrie bien curieux : « une sorte de langueur et d'atonie envahit alors tout un peuple, tandis qu'à la frontière ce même peuple, tou j ours sous une influence psychiatrique, faisait des prodiges, grâce à une surexcitation différente, mais émanée aussi de l'ambiance"' dans laquelle il se trouvait placé. »