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DECEMBRE,

LES ROMANS 389

A la rentrée, elle signifie à Manès son irrévocable décision, et le pauvre professeur, soutenu dans son désespoir par quelques amitiés fidèles, se donne tout entier aux luttes politiques et sociales, où son élo- quence entraînante lui assure de magnifiques victoires, et où, prolétaire exaspéré, il pourra assouvir son ressen- timent contre le capitalisme, dont un représentant lui a ravi son bonheur.

Le succès dépasse ses espérances; il est entraîné lui- même plus loin qu'il ne voulait : il conquiert la foule, déchaîne des grèves et s'empare du pouvoir. Cependant, Germaine a compris un peu tard la faute commise contre elle-même et contre son cœur; elle voudrait tout abandonner : sa situation, sa fortune, son mari, pour revenir à Manès, que sans doute elle n'a jamais cessé d'aimer, et celui-ci, toujours meurtri, toujours aimant, est sur le point de céder, mais il sent que c'est impossi- ble, il se doit à sa tâche, à la mission que les événements lui ont confiée. Ce maître des foules est leur prisonnier, et il a perdu son droit au bonheur sentimental : il est trop tard...

GASTON LEROUX

Balaoo

Vous vous souvenez de cette surprenante affirma- tion placardée l'an dernier sur tous les murs de Paris : « Il y a des pas au plafond ». Ces pas qui nous intriguè- rent si violemment, ce sont ceux de Balaoo, le héros d'un roman où M. Gaston Leroux a trouvé le moyen d'être mystérieux d'une façon tout à fait nouvelle.

Balaoo est, nous l'apprenons dès la centième page du livre, un anthropopithèque que le savant M. Corio- lis a ramené de Java. Il ne lui manquait, comme on dit, que la parole, et M. Coriolis en « tranchant un nerf et

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