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42 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

CHARLES SAMARAN

D'Artagnan, capitaine des Mousquetaires du Roi. « Histoire véridique d'un héços de roman. »

En lisant ce titre, j*ai éprouvé quelque inquiétude : « Allons, bon, me disais-je, voilà encore un gêneur qui va se mêler de démolir une légende et de nous raconter de froides et grises vérités. »

Mes craintes n'étaient pas tout à fait justifiées : la vérité patiemment reconstituée par M. Samaran n'est ni froide ni grise : Charles de Batz-Castelmore, dit d'Artagnan, fut un fort joli officier, un brillant Cadet de Gascogne plein de ressources, un officier d'élite de Tancienne France; et ses véridiques aventures, ses débuts aux gardes, ses premières campagnes, son pas- sage aux mousquetaires, ses histoires de ménage, ses relations avec Fouquet, ses exploits comme gouver- neur de Lille, et sa mort héroïque au siège de Maes- tricht, ne manquent ni de grandeur, ni de panache. Leur récit emplit un volume qui vaut mieux qu'un livre d'histoire, qui serait digne presque d'être un un roman.

Et puis, — M. Samaran le sait bien et il a le bon esprit de ne point s'en fâcher, — son livre une fois lu et soigneusement placé sur le rayon des études his- toriques que nous avons plaisir à conserver, nous retournerons bien vite à nos chers Mousquetaires ; nous reverrons ces héros familiers qui ne s'appellent ni Armand de Sillègue d'Athos d'Autevielle, ni Isaac de Portau, ni Henri d'Aramitz, mais bien réellement, éternellement, Athos, Porthos et Aramis, et nous retrouverons notre d'Artagnan national, le seul, le vai, celui de notre jeunesse ravie et transportée, celui d'Alexandre Dumas le père.