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44 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

songe combien toutes ces choses sont loin déjà : nos enthousiasmes, nos colères et mon adolescence. Pas si loin cependant, puisque M. Maurice Barrés est encore là, encore jeune, puisque, si ingénieusement, si forte- ment, dans des gloses d'une infinie séduction, il relie le passé au présent, la culture du moi au culte de la race. C'est un régal, en vérité, cette préface de 1904 et cette réponse à M. Doumic : on ne saurait être plus délicieu- sement persuasif que M. Maurice Barrés, affirmant que les Déracinés sont la suite logique, fatale, néces- saire, de V Homme libre.

Vous connaissez l'argument : dans VHomme libre, l'auteur adore son moi et le pare de sensations nou- velles ; dans les Déracinés, l'homme libre distingue et accepte son déterminisme, il éprouve le néant du moi jusqu'à prendre le sens social, car « nous sommes le prolongement et la continuité -de nos pères et mères, car c'est peu de dire que les morts pensent et parlent par nous : toute la suite des descendants ne fait qu'un même être ».

Et si, malgré toute la séduction de l'écrivain, vous n'êtes point absolument persuadés, si vous persistez à voir quelque différence entre r« égotiste » de jadis et le nationaliste d'aujourd'hui, vous demeurerez d'accord, en tous cas, que nos enthousiasmes d'étudiants furent justifiés, que M. Maurice Barrés est un beau cerveau, et que VHomme libre est un magnifique livre.

BATISTO BONNET Le « Bafle » Alphonse Daudet.

(Traduction de M. Joseph Loubet.)

Vous connaissez Batisto Bonnet, ce paysan du Midi en qui Alphonse Daudet découvrit un écrivain dont,