Page:Glaser - Le Mouvement littéraire 1912.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

66 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRÇ

M^e j. DELORME-JULES-SIMON

Plutôt souffrir.

M^^ J. Delorme- Jules-Simon pose ici un problème de conscience depuis longtemps résolu par l'unanimité des praticiens, mais qui ne cesse pas de passionner et d'inquiéter l'humanité souffrante : un médecin, en face d'un malade en proie à des souffrances abominables, et condamné sans recours, a-t-il le droit d'abréger son martyre? L'humanité répond : oui! Les médecins répondent : non ! Leur rôle est de défendre jusqu'au bout, contre tout espoir, la vie de leur malade, car la nature a des mystères insondables, et le médecin le plus savant, le plus sûr de lui, doit compter avec le miracle.

Et pourtant, le docteur Chenove, tendrement épris de sa femme Madeleine, ne peut supporter le spectacle de ses souffrances. Après avoir tout fait pour la sauver, certain de son impuissance devant un cancer inopé- rable, il a obéi à ses déchirantes supplications : il a doublé, il a triplé les doses de morphine secourable et mortelle...

Quelques années plus tard, à la suite de circons- tances romanesques, il s'est fiancé à une belle et noble femme, Denise, qui, elle aussi, a été atteinte du terrible mal; mais consciente de sa misère, courageuse, résolue, elle lui a demandé tout de suite de ne pas écouter ses plaintes, de lui laisser vivre sa vie douloureuse jusqu'au bout. Et contre tout espoir, contre toute vraisemblance, le diagnostic des médecins et des chirurgiens se trouve en défaut, et Denise, miraculeusement, est sauvée. Alors, Chenove, est épouvanté à l'idée que jadis il a peut-être commjs un crime; il se désespère et il se don- nerait la mort si le propre père de Madeleine n'inter-