Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/39

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seoir au banc du seuil, sous la maigre vigne, le dos appuyé au mur tiédi par le soleil humide du printemps, et là rimer, songer, regretter peut-être les brasseries du quartier latin et les cabarets des grandes routes. Mortellement atteint, il goûtait des heures de rémission, quand la guerre éclata. Les armées allemandes, en s’étendant sur Paris, chassèrent loin devant elles, entre autres fugitives, une jeune orpheline, Américaine de naissance, Française d’éducation, qui, deux ans auparavant, avait connu le poète vagabond à Nice, où elle vivait avec son frère. Quand Mlle Emma Dennie s’installa à Beaumesnil, Glatigny en sortit. Nous saurons tout à l’heure le secret de cette fuite, nous verrons que le pauvre garçon pouvait dire comme le héros de son ennemi Racine :


« Si je la haïssais, je ne la fuirais pas ! »


Je ne sais rien de plus touchant que l’histoire du mariage de Glatigny, telle qu’on la trouve dans les lettres qu’il écrivit à M. Garien, frère de l’orpheline. Je transcris les