Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/130

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Je descendis avec toute la précaution et la prudence possibles. J’entrai dans la cuisine, mais je n’y vis personne. Je cherchai dans les autres pièces avec aussi peu de succès : je sortis de la maison ; je ne pus venir à bout de trouver aucune trace de mon adversaire. C’était une chose bien étonnante : que pouvait-elle être devenue ? Que devais-je conclure de cette disparition ? Je réfléchis à la menace qu’elle m’avait faite en partant : qu’avant qu’il fût vingt-quatre heures, elle répondait de moi ! Cette phrase était énigmatique ; elle ne paraissait pas renfermer une menace d’assassinat.

Tout à coup le papier apporté par Larkins revint à ma mémoire. Serait-il bien possible que ce fût là le motif caché de ses dernières paroles ? Serait-elle partie pour dénoncer elle-même ma retraite ? Mais n’y aurait-il pas un grand danger pour la troupe à amener ainsi sans la moindre précaution les officiers de justice dans notre retraite ? Il n’y avait peut-être pas lieu de craindre qu’elle pût se porter à un pareil acte de désespoir. Pourtant, on ne pouvait guère répondre de ce dont elle était capable dans l’état où elle était. Était-il prudent d’attendre, et d’aventurer ma liberté sur une pareille chance ?

Je répondis bien vite par la négative à cette dernière question. J’étais déjà déterminé à quitter dans peu le séjour que j’habitais ; un peu plus tôt ou un peu plus tard ne faisait pas une différence importante. Il n’était ni sage ni agréable de résider sous le même toit avec quelqu’un qui m’avait donné de pareilles preuves d’une haine implacable. Mais de