Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/254

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partout sur moi. Si jamais je me trouvais réduit à la nécessité d’aller au-devant de mes ennemis, si je me voyais forcé dans toutes mes retraites, comme l’animal sauvage qui n’a plus d’autre ressource que de revenir sur ses pas et de s’élancer sur les chasseurs, alors je m’élancerais sur le véritable auteur de cette inique persécution. J’irais attaquer la calomnie jusque dans son fort ; je m’animerais d’une énergie toute nouvelle ; je tenterais des efforts dont je n’avais pas encore eu l’idée ; par la fermeté, l’intrépidité et l’inébranlable constance qu’on me verrait déployer, je saurais bien encore forcer les hommes à croire que Falkland était un imposteur et un assassin.


XL


Je me hâte d’arriver à la conclusion de ma déplorable histoire. C’est peu après l’époque où je l’ai conduite que je commençai à l’écrire : ressource nouvelle que m’avait suggérée le désir d’échapper par tous les moyens possibles au sentiment de mes malheurs. Dans la précipitation avec laquelle je quittai le pays de Galles, quand je vis se vérifier les dernières menaces de M. Falkland, j’avais laissé tous les matériaux de mes recherches étymologiques, ainsi que mon manuscrit. Je n’ai jamais pu me décider depuis à reprendre cette étude. On a diffici-