Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/31

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pense. On hérite la bénédiction des parents, non leur malédiction.

ORESTE.

Ce n’est pas leur bénédiction, je pense, qui nous amène ici.

PYLADE.

C’est du moins la volonté des grands dieux

ORESTE.

C’est donc leur volonté qui nous perd.

PYLADE.

Fais ce qu’ils te commandent et attends. Si tu ramènes la sœur auprès du frère, et qu’ensuite, tous les deux réunis, ils résident à Delphes, adorés par un peuple généreux, le couple auguste te sera favorable pour cette action ; ils te sauveront de la main des Furies. Déjà aucune ne se hasardé dans ce bois sacré.

ORESTE.

Ainsi j’aurai du moins une mort tranquille.

PYLADE.

Je pense tout autrement : j’ai rattaché assez habilement le passé à l’avenir, et les ai expliqués en silence. Peut-être ce grand ouvrage se prépare-t-il depuis longtemps dans le conseil des dieux. Diane désire fuir ce bord sauvage des barbares et leurs sacrifices de sang humain. Nous étions destinés à cette belle entreprise ; elle nous est imposée, et déjà nous voici merveilleusement poussés jusqu’à la porte.

ORESTE.

Tu sais entremêler, avec une rare adresse, la volonté des dieux et tes désirs.

PYLADE.

Qu’est-ce que la science de l’homme, si elle n’étudie avec respect la volonté céleste ? Un dieu appelle à une œuvre diflicile l’homme généreux qui a commis un grand crime, et lui impose la tache d’achever ce qui nous semble impossible. Le héros triomphe, et, par son expiation, il sert les dieux et le monde qui l’honore.

ORESTE.

Si ma destinée est de vivre et d’agir, qu’un dieu délivre ma tête pesante du vertige qui, par le sentier glissant, arrosé du sang maternel, m’entraîne chez les morts : qu’il tarisse, par